Arrestation du sénateur Hong Sok Hour accusé de trahison
Hong Sok Hour, le sénateur franco-cambodgien du Parti de Sam Rainsy a été arrêté ce samedi vers 6h du matin heure locale avant même que ne soit levée son immunité parlementaire. Il avait été accusé il y a deux jours de « trahison » par le Premier ministre Hun Sen pour avoir posté sur sa page Facebook un «faux » traité concernant la frontière du Vietnam. Selon le Phnom Penh Post citant des sources policières, le sénateur se cachait dans la villa du député d’opposition Yon Tharo située dans le district de Sen Sok. La police a cerné la villa dans la nuit de vendredi avant de procéder à l’arrestation ce matin.
Des photos de son arrestation le montrant menotté, entouré de policiers des forces spéciales, armes automatiques en main, ont été postées peu de temps après sur la page Facebook de Sam Rainsy.
Dans un discours jeudi, le Premier ministre avait ordonné l’arrestation du sénateur, dernière flèche décochée à ses adversaires de l’opposition qui dénoncent des empiétements du Vietnam sur le territoire cambodgien alors que la délimitation de la frontière entre les deux pays est toujours en cours. Selon Hun Sen, le Parti du sauvetage national du Cambodge attise les tensions et cherche à tirer parti de la question dans le seul but d’en récolter les bénéfices politiques.
De son côté l’opposition dénonce les arrestations récentes de 14 de ses membres comme autant de pressions pour tenter de la museler.
Le Premier ministre avait accusé jeudi le sénateur Hong Sok Hour d’avoir posté sur sa page Facebook une fausse version de l’article 4 du traité signé en 1979 entre le Cambodge et le Vietnam. Un communiqué du gouvernement avait ensuite précisé que, selon la version postée par le sénateur, les deux pays négocieraient en vue de signer un accord pour « éliminer » les frontières nationales, alors que la version réelle de ce traité affirmait qu’ils allaient travailler à « définir » la frontière pour garantir la paix.
Le texte et la vidéo qui l’accompagnait a depuis disparu de la page Facebook du sénateur. Dans son entourage on se bornait à indiquer qu’il avait simplement posté une version qui circulait sur internet. Le porte-parole du parti a cependant indiqué qu’il se cachait tandis que l’opposition tentait de négocier avec le gouvernement pour empêcher son arrestation.
« C’est un acte de trahison impardonnable », s’était emporté le premier ministre en annonçant qu’un mandat d’arrêt avait été émis contre le sénateur « Si un soulèvement (contre le Vietnam) se produit et entraîne la guerre avec notre voisin qui en sera responsable ? ».
Il avait précisé que l’immunité parlementaire du sénateur, qui est aussi citoyen français, allait être levée et avait exhorté les ambassades étrangères à ne pas lui accorder l’asile.
Hong Sok Hour a joué ces dernier temps un rôle clé dans la campagne que mène l’opposition contre ces empiètements du Vietnam.
Samedi, le porte-parole du Parti du sauvetage national du Cambodge a dénoncé cette arrestation: « C’est une violation de la loi car le sénateur bénéficie de l’immunité parlementaire ». Il a rappelé que, selon l’article 104 de la constitution cambodgienne, l’immunité d’un parlementaire devait préalablement être levée avant une arrestation sauf dans le cas d’un « flagrant délit ».
Krystel Maurice