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A Phnom Penh, participation sans précédent au premier jour de la manifestation de l’opposition

Manifestation de l'opposition à Phnom Penh 15 septembre 2013

A 19h, la manifestation de l’opposition se poursuivait toujours dans le parc de la Liberté, alors que les autorités avaient interdit qu’elle se poursuive au-delà de 18h.
Sur la scène Sam Rainsy vient de lancer plusieurs appels au calme demandant aux manifestants de rester cantonnés dans le parc.  Visiblement nombreux sont ceux qui s’apprêtent à y passer la nuit.

Brefs affrontements en fin d’après- midi

Une heure plus tôt, sur le quai Sisowath, au cœur du quartier touristique, et jusqu’à Wat Ounalom, les policiers se sont affrontés à une centaine de  manifestants dont certains  avaient jeté des barricades dans le fleuve. Jets de pierres contre canons à eau et fumigènes. Les commerçants avaient fermé boutiques mais des touristes se sont trouvés piégés au milieu de la cohue.

Un manifestant pris dans les barbelés des barricades a été pris de convulsions sous l’effet des canons à eau et a été transporté à l’hôpital. Ses jours ne sont en danger. Un policier a également été blessé à la tête par un projectile.

Le représentant de l’ONU ainsi que des représentants des ONG locales de défense des droits de l’homme sont intervenus pour parlementer avec les forces de l’ordre. Quelques instants plus tard, Sam Rainsy, le leader de l’opposition,  arrivé lui aussi sur place, a demandé aux manifestants de rejoindre le parc de la Liberté ou de regagner leur domicile. Peu avant 18h, la tension est retombée dans ce secteur.

De retour dans la parc, Sam Rainsy a lancé un appel  pour mettre fin aux violences: «Nous n’avons pas besoin de violence et je condamnerai tous ceux qui y ont recours». Un peu plus tard, un communiqué du Parti du sauvetage national du Cambodge dénonçait les agissements de ces «éléments incontrôlés qui ont provoqué la panique en jetant les barricades dans la rivière et en criant pour provoquer le public. Le Parti national pour la sauvegarde du Cambodge n’est pas responsable des agissements de ce groupe qui a créé des troubles. Nous demandons aux autorités d’appliquer des mesures strictes contre de tels groupes. »

 Les manifestants défilent dans les rues  

Dans la matinée des dizaines de milliers de manifestants avaient répondu à l’appel de Sam Rainsy et Kem Sokha, les leaders  de l’opposition,  pour réclamer une enquête indépendante sur les allégations de fraudes lors du scrutin des législatives du 28 juillet.

Une participation sans précédent,  à la veille de la rencontre annoncée avec le  parti au pouvoir du  Premier ministre Hun Sen. De nombreux cambodgiens venus des campagnes avaient fait le déplacement. Ils portaient des bannières, des chapeaux, des stickers proclamant «  Justice et démocratie » ou encore «  Où est passé mon vote ? ».
Dans le parc, mais aussi dans les rues adjacentes, l’ atmosphère était celle d’une fête joyeuse.

Ni les très nombreuses barricades, ni les milliers de policiers déployés dans la ville, ni les engins explosifs découverts deux jours plus tôt, n’ont semblé les impressionner.

Les autorités avaient pourtant imposé des restrictions précises: la manifestation devait se dérouler dans le seul parc de la Liberté, se limiter à 10 000 personnes et s’achever à 18h.
Sur scène, Sam Rainsy a persisté ; Non seulement le sit-in durera trois jours mais les manifestations se poursuivront jusqu’à ce qu’une enquête indépendante sur les fraudes soit diligentée, a-t-il lancé.

Vers 12h, les supporters du Parti national du Sauvetage du Cambodge ont quitté le parc pour suivre Sam Rainsy et Kem Sokha dans les rues de la ville. Les leaders de l’opposition se sont glissés au travers d’une barricade mal arrimée. Derrière eux, des milliers de manifestants ont dégagé l’obstacle sous les yeux des policiers qui ne sont pas intervenus.
Après avoir entendu le bref discours de Sam Rainsy prononcé à proximité de Wat Ounalom, ils ont lentement regagné le parc de la Liberté.

Krystel Maurice