En continu

Frontière Cambodge-Thaïlande: au moins 11 morts dans de nouveaux affrontements

Les combats entre l’armée thaïlandaise et cambodgienne ont repris dimanche matin 24 avril vers 6h, à proximité du temple de Ta Krabey pour le troisième jour consécutif. Quelques heures auparavant, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon avait appelé les deux parties  « à la plus grande retenue et à prendre des mesures immédiate pour mettre en place un cessez-le-feu effectif et vérifiable».
Depuis vendredi, les deux armées s’affrontent à l’arme lourde, des combats qui ont déjà fait au moins 11 morts et de nombreux blessés.

Ces heurts ont lieu le long de la frontière entre les deux pays, près des temples de Ta Moan et Ta Krabey entourés d’une jungle très épaisse.
Ces deux temples sont situés à plus de 150 km au Sud-Ouest du temple de Preah Vihear, théâtre de plusieurs accrochages entre les deux armées depuis son classement au patrimoine mondial de l’Unesco en 2008. En février, 10 soldats  y avaient trouvé la mort et des douzaines d’entre eux avaient été blessés.

Mais c’est la première fois que des combats à l’arme lourde ont lieu dans un secteur aussi éloigné de Preah Vihear. Tout comme le temple de Preah Vihear, les vestiges de Ta Moan et Ta Krabey sont revendiqués par les deux pays, la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge n’étant toujours pas délimitée.

Plusieurs milliers de villageois thaïlandais ont du être évacués et près de deux cent famille du coté cambodgien. Comme toujours les deux pays s’accusent d’avoir déclenché les hostilités.

En février dernier, l’Indonésie qui préside l’Association des pays d’Asie du Sud-est, avait proposé sa médiation. La Thaïlande et le Cambodge avait accepté l’envoi d’observateurs internationaux  le long de la frontière. Mais cet accord de principe n’a toujours pas été suivi d’effet, les responsables militaires thaïlandais s’y opposant, considérant que les négociations bilatérales devaient reprendre.

Le ministère cambodgien de la Défense a condamné « ces actes délibérés et répétés d’agression ». Il a accusé Bangkok d’avoir tiré des munitions à fragmentation – des armes antipersonnel interdites par de nombreux pays – ainsi que des obus de 75 et de 105 mm «chargés de gaz» . A Bangkok, le ministère des Affaires étrangères a rejeté ces accusations qu’il a qualifiées de «dénuées de tout fondement» .

Dans une lettre au conseil de sécurité de l’ONU, Hor Nahmong, le ministre cambodgien des affaires étrangères  a dénoncé vendredi  « une agression à grande échelle » de la part de la Thaïlande. Selon lui, si la Thaïlande insiste tant pour résoudre ce conflit de manière bilatérale, c’est parce qu’elle entend utiliser son armée, supérieure en nombre à celle de Phnom Penh, mais aussi dotée d’un matériel plus sophistiqué, contre le Cambodge.

 

Krystel Maurice