En continu

Sommet du Mékong à Hua Hin : vers une meilleure collaboration avec la Chine

« C’est la première fois que la Chine accepte de partager ses informations sur l’état du fleuve en saison sèche. C’est un première étape importante vers d’avantage de transparence entre la Chine et les pays riverains du Mékong », se sont félicité les participants du sommet  de Hua Hin par la Commission du Mékong du 1er au 5 avril. Crée en 1995, cet organisme regroupe les quatre pays du bassin inférieur, Thaïlande, Laos, Cambodge et  Vietnam.

Ce sommet, le premier du genre organisé par la Commission depuis sa création, visait à l’origine à resserrer la coopération entre ces pays afin «de développer, coordonner et gérer le partage des ressources dans une perspective de développement durable ».

Mais actualité oblige, les changements climatiques  ont été au cœur des discussions. La sécheresse frappe durement la région, en particulier la Thaïlande et le Laos et le Mékong est à son plus bas niveau depuis 26 ans. Les écologistes pointent du doigt la Chine qui, en amont, construit des barrages à tout va et qui, disent-il, retient l’eau pour son propre usage au détriment des populations situées en aval.

Si depuis 2003, la Chine qui n’est pas membre de la Commission, fournissait des informations concernant les niveaux du fleuve en saison de pluies, elle s’était toujours refusée à communiquer le moindre relevé sur la situation en saisons sèche. Juste avant l’ouverture du sommet, elle avait, dans un geste de bonne volonté, invité les représentants de la Commission à visiter le barrage de Jinghong, situé à 280 km de la province thaïlandaise de Chiang Rai. Le 22 mars, elle avait enfin communiqué  les relevés effectués durant la saison sèche aux stations de Jinhong et de Manwan.

Mais elle continue de rejeter les accusations  dont elle fait l’objet. « Les statistiques montrent que la sécheresse qui touche tout le bassin du Mékong est liée à la météorologie et n’a rien à voir avec le développement  hydroélectrique », a réaffirmé lundi le Vice-ministre des affaires étrangères chinois au cours du sommet. Un refrain reprit en chœur par les représentants du Cambodge qui multiplient les projets de barrages sur plusieurs rivières du pays y compris le Mékong.

Concilier l’inconciliable

Beaucoup plus nuancé, le premier ministre thaïlandais Abhisit a déclaré : «Le Mékong est sérieusement menacé par des problèmes d’usage de l’eau en contradiction avec la notion de développement  durable,  et par les effets des changements climatiques ».

Une  contradiction également soulevée dans le rapport 2010 sur l’état du Bassin que publie la Commission du Mékong : «Si la  biodiversité du bassin est connue, elle n’a pas été totalement identifiée. Chaque année de nouvelles espèces sont découvertes.  Des interférences majeures entre les régimes hydrologiques naturelles et la gestion de l’eau qui en faite pourraient avoir des conséquences énormes sur l’intégrité des écosystèmes », lit-on dans ce rapport.

Dans ces conditions comment concilier l’inconciliable ? La prolifération des projets hydroélectriques  sur le Mékong et ses effets néfastes sur l’environnement, les modes de vies des populations et la sécurité alimentaires ne font pas bon ménage. A défaut de résoudre ces contradictions majeures, la conférence de Hua Hin aura au moins permis de les mettre à jour.

 

Krystel Maurice