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Projets de barrages sur le Mékong: rendez-vous dans dix ans?

Le Mékong dans la province de Prey Veng. Photo krystel Maurice

Le Cambodge et les pays du bassin inférieur du Mékong devraient différer de 10 ans la construction des 12 barrages prévus sur le bas Mékong, recommande la Commission du Mékong à l’issue d’une étude de 14 mois. Cet organisme intergouvernemental qui regroupe quatre pays, la Thaïlande, le Laos, le Cambodge et le Vietnam est chargé de développer, coordonner et gérer le partage des ressources dans une perspective de développement durable.

La Commission avait notamment été chargée par les États concernés d’évaluer l’impact que pourrait avoir les projets de barrages sur l’environnement, et leurs effets sur les populations. Douze projets de barrages ont été étudiés, 10 au Laos et deux au Cambodge. Au terme de cette étude qui vient d’être rendue publique, la Commission du Mékong recommande donc de différer tous les projets de dix ans, afin de se donner le temps d’effectuer des recherches plus approfondies permettant de mieux mesurer les risques encourus.

« Compte tenu de la complexité du système du fleuve et  au regard de l’ampleur des risques encourus ainsi que de leur caractère irréversibles », les projets doivent être retardés de dix ans et réexaminés ensuite tous les trois ans, conseille la Commission. Elle estime qu’en l’état des connaissances actuelles trop « d’incertitudes » subsistent, faisant peser de très lourdes menaces sur la région.

Si la Commission reconnait que les revenus liés à  la production d’hydro-électricité seront économiquement profitables aux pays concernés, elle souligne que les bouleversements de l’écosystème et ses conséquences  sur les populations riveraines, tant du point de la sécurité alimentaire que des risques de conflits sociaux, doivent être davantage mesurés.

Le rapport de la Commission sera étudié durant les six prochains mois par les États concernés au terme duquel ils devraient faire part de leur décision. De nombreux rapports émanant aussi bien de scientifiques que d’associations de protection de la nature ou de défenseurs de l’environnement ont été publiés ces derniers mois. Tous estimaient que la réalisation de ces barrages serait catastrophique pour la région. Mais l’avis de cette Commission intergouvernementale a de bien meilleurs chances d’être entendue.

 

Krystel Maurice