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La pêche industrielle sur le Tonle Sap est interdite

Les concessions de pêche, telles que ci-dessus, s’étendent sur 600 000 hectares tout autour du Tonle Sap. ©Krystel Maurice

Le Premier ministre Hun Sen a définitivement interdit mardi toute pêche industrielle sur le Tonle Sap afin d’en préserver la ressource et de permettre aux communautés vivant autour du lac de pouvoir subsister.

Le lac est l’un plus poissonneux au monde en raison d’un phénomène hydrologique unique mais la pêche industrielle en lots, appelée également concessions, menace cette richesse.

Ces grandes pêches sont liées à la migration du poisson hors de la forêt inondée lors de la décrue. Des kilomètres de palissades de bambous sont érigés par les propriétaires de ces concessions et des tonnes de poissons sont piégées dans des nasses géantes.

Mais les villageois se voient interdire l’accès de ces immenses zones qui, selon le Premier ministre, s’étendraient sur 600 000 hectares au total,  réparties dans cinq provinces: Battambang, Siem Reap, Pursat, Kompong Thom et Kompong Chhnang.

Surveillés nuit et jour par des bataillons de gardes privés armés qui n’hésitent pas à tirer sur les contrevenants, ces lots constituent de véritable mines d’or pour les propriétaires. Ainsi, en 2008, 300 000 tonnes de poissons étaient pêchées contre 400 000 tonnes en 2010 et 445 000 tonnes l’an dernier. Mais la pêche illégale a pris une importance croissante puisque, comme l’a souligné le Premier ministre, d’une année sur l’autre, les revenus versés au gouvernement diminuent.

Dans le même temps, cette pêche à grande échelle a dévasté le mode de vie des communautés villageoises vivant autour du lac. Contraintes de se contenter d’une pêche de subsistance dans les zones publiques, des milliers de familles se retrouvent aujourd’hui dans le dénuement. C’est également toute la richesse du lac qui est menacée par ces kilomètres de filets dans lesquels  les très jeunes poissons sont piégés.

Mais l’interdiction de la pêche industrielle sera-t-elle respectée ? En août dernier, le Premier ministre avait interdit ces grandes pêches sur 35 lots. Ce qui n’avait pas empêché les propriétaires concernés de continuer de tendre leurs filets. Corruption quand tu nous tiens…

 

Krystel Maurice