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Des milliers de travailleuses du textile en grève

La plupart des usines cambodgiennes sont aux mains de capitaux étrangers. Sur les 355 usines, membres du GMAC, seules 26 d’entre elles ont des propriétaires cambodgiens, représentant 7% de l’ensemble du secteur, selon une étude publiée l’an dernier par le Centre de recherche japonais Ritsumeikan . Taiwan se taille la part du lion avec 86 usines (25%) devant Hong Kong (68 usines, 19%) et la Chine (65 usines, 18%). Le croquis ci- dessus est extrait de cette étude intitulée «Challenges to the Cambodian Garment Industry in the Global Garment Value Chain».

Des milliers de cambodgiennes, employées dans le secteur du textile, ont entamé lundi une grève nationale qui devrait durer toute la semaine.

Lundi soir, la Confédération cambodgienne du travail estimait que 68 000 personnes avaient cessé le travail dans 53 usines sur les 470 que compte le pays (sous-traitants inclus), tandis que  52 000 autres avaient été empêchées par leurs employeurs de se joindre au mouvement.
Un succès dont elle espérait qu’il s’amplifie dans les jours à venir. « Nous continuerons la grève jusqu’à l’ouverture de véritables négociations » a déclaré lundi Ath Thun, le président de la Confédération.

Les syndicats ont appelé à la grève pour protester contre l’accord fixant le revenu minimum à 61 dollars (47,5 euros) par mois. Ils réclament au moins 93 dollars par mois.

Sans surprise, l’association qui regroupe les patrons (Garment Manufacturers’ Association in Cambodia, GMAC) a présenté un bilan radicalement différent de ce premier jour de grève.
Ken Loo, le secrétaire général du GMAC a ainsi déclaré lundi soir  que « 20 000 employés ne se sont pas présentées à leur travail parmi lesquelles 8000 à 9000 seulement sont en grève » Quand au nombre d’usines où la production est arrêtée, il affirme qu’ « il y en a moins d’une dizaine ».
Rappelons que les syndicats avaient appelé les ouvrières à manifester ou à rester chez elle.

Le GMAC qui, dans les semaines précédents la grève, avait déployé toute une artillerie de menaces et d’intimidations, ne devrait pas s’en tenir là. Il estime la grève illégale et compte  s’adresser à la justice pour obtenir gain de cause.« Si le tribunal conclue à l’illégalité de la grève, tous les employés devront retourner à leurs postes dans les 48 heures. Le jugement établira qu’ils ont abandonné leurs postes et les employeurs pourront mettre fin à leurs contrats».

Krystel Maurice