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Le gouvernement ordonne la réintégration des 19 syndicalistes licenciés de l’usine textile SL

L’usine textile SL Garment Processing, l’un des fournisseurs de Gap et H&M, devra réintégrer sous 15 jours les 19 syndicalistes licenciés, a ordonné vendredi le ministère cambodgien du travail, suite à une décision du Conseil des ministres. Cette décision intervient trois jours après la manifestation violemment réprimée par les forces de l’ordre qui a fait 1 mort et huit blessés par balles.

Les 6000 travailleurs de cette usine à capitaux singapouriens sont en conflit depuis des mois avec leur direction. En grève depuis juin, ils réclament de meilleurs conditions de travail, des augmentations de salaires, des primes de panier et la démission d’un des administrateurs de la société, Meas Sotha, lequel a fait appel à des gardes armés qui stationnent en en permanence dans l’usine.

Toutes les tentatives de négociations ont échoué et, de semaine en semaine, le conflit s’est durcit. En août, plusieurs milliers d’entre eux se sont mis en grève. En guise de réponse, la direction singapourienne a licencié 700 personnes. Si une partie d’entre elles sera finalement réintégrée, la direction refuse toujours le retour de 19 syndicalistes, tous membres de la Coalition syndicale démocratique des travailleurs de la confection du Cambodge (C.CAWDU, largement majoritaire chez SL),  les accusant de porter la responsabilité de lourdes pertes financières

Le 12 novembre, alors que 600 ouvriers manifestaient une fois de plus à Phnom Penh, les forces de l’ordre ont tiré à balles réelles sur les manifestants et sur la population qui se trouvait à proximité. Une vendeuse a été tuée d’une balle dans la poitrine, huit autres personnes ont été blessées, et 37 autres arrêtées dont plusieurs moines. Ils ont tous été relâchés à l’exception de deux jeunes âgés de 15 et 19 ans qui ont été inculpés de destructions de biens, d’outrages à agents publics, d’obstruction à agents avec circonstances aggravantes.

Si l’ordre du gouvernement de réintégrer les syndicalistes licenciés est de nature à décrisper la situation, rien n’indique cependant qu’il sera suivi d’effet et que la direction de l’usine s’exécutera.

 

Krystel Maurice