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Le Cambodge détourne les fonds destinés à la lutte contre le paludisme, accuse le Fond mondial

Le Cambodge a détourné d’importantes sommes d’argent destinées à la lutte contre le paludisme, a affirmé mercredi le Fonds mondial de lutte contre cette maladie. « Une enquête (…) sur les dons au Cambodge a mis à jour des preuves crédibles et substantielles de sérieuses malversations financières » a indiqué dans un communiqué mercredi le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

L’institution financière,  basée à Genève, est aujourd’hui la principale source de financement des programmes de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme dans le monde. Depuis sa création en 2002, elle a, au travers d’un partenariat public et privé, approuvé le financement de subventions pour un montant total de 22,9 milliards de dollars US alloué à 1000 programmes dans 151 pays.

Au Cambodge, depuis 2003, le montant des programmes  de lutte contre ces trois maladies approuvé par le Fonds mondial atteint 353,3 millions de dollars dont 116,8 millions de dollars pour les seuls programmes de lutte contre la malaria.

« Le Fonds a pris des mesures immédiates (…) en adoptant de nouveaux garde-fous dans les procédures d’achat, le financement et la gestion », précise le communiqué de mercredi.

Le Fonds mondial annonce le limogeage de son inspecteur général

Jeudi, le Fonds mondial annonçait dans un communiqué le limogeage de son inspecteur général John Parson dont« les résultats ont été insuffisants ».  Pour l’heure on ignore si ce limogeage « à effet immédiat » est directement lié au détournement des fonds attribués au Cambodge mais une simple coincidence apparait peu probable.

Depuis plus de dix-huit mois, l’institution financière enquête sur la gestion du Centre national de la Malaria, organe du gouvernement cambodgien que dirige le Dr Char Meng Chuor.
Dans son dernier audit,  publié en octobre 2010,  l’inspecteur général du Fonds mondial relevait déjà diverses malversations portant tout à la fois sur des dépenses frauduleuses et sur une mauvaise gestion des budgets.

Ainsi, il pointait du doigt 18 000 dollars de dépenses inéligibles en 2008 parmi lesquelles l’achat d’une cafetière d’un montant de 1500 dollars et l’achat de quatre téléphones portables pour un dirigeant du Centre d’un montant total de 3 440 dollars.
Ce rapport mettait aussi l’accent sur les trop nombreux voyages des dirigeants, paralysant ainsi la mise en place des programmes.

Le ministre cambodgien de la Santé Mam Bunheng a indiqué à l’AFP ne pas être au courant de ces accusations.

Un rapport complet du département d’enquête du Fonds est attendu d’ici quelques semaines. Selon l’AFP, une deuxième enquête serait par ailleurs ouverte sur l’utilisation présumée de médicaments de contrebande dans des programmes financés par le Fonds.

L’organisation, a cependant précisé qu’elle maintiendrait ses activités au Cambodge. Mais elle devra chercher un autre intermédiaire que le Centre national du paludisme du Cambodge.

 

 Krystel Maurice